Treize jours après mon amputation, juste à la maison, j'ai trouvé ce diapo sur le site d'Edward Tick, un homme qui travaille aux États-Unis avec des anciens combattants.
Chaque mot de ce texte m’a frappé, et je vais consacrer quelques articles à leur sujet.
Pour commencer, j’ai trouvé extrêmement encourageant de laisser résonner en moi ces mots: « concevoir le traumatisme non comme une pathologie, mais comme une réalité tragique et une force de transformation universelle. »
Ce qui m’arrive est quelque chose de tragique, et je serais en colère et méfiant face à toute tentative de rendre cela plus facile ou plus agréable que la difficile réalité. Traumatisme, maladie, amputation sont des réalités très douloureuses et difficiles. Ils ont le potentiel de détruire la vie, causer la dépression, saper l'énergie vitale et toute énergie vitale ainsi que tout espoir pour l'avenir.
Pourtant voici ce qui m'a frappé dans ces mots et a changé ma perspective: ils m’ont d'abord aidé à me rappeler que ce qui m'arrivait faisait partie de la réalité. Ces choses arrivent, elles arrivent tout le temps et peuvent arriver à n'importe qui. Je m’efforçais juste de l’oublier, jusqu'au moment où ça m'est arrivé. Soudain, je me trouvais face à cette partie de la Réalité à laquelle je me rendais aveugle: la mort fait partie de la vie, je suis fragile comme tout être humain, « shit happens ». J’ai ainsi commencé à comprendre comment ce traumatisme qui m'arrivait pouvait être pour moi une force de transformation universelle. Précisément en me mettant dans la situation d'y faire face, en me mettant dans la situation de m'ouvrir à une dimension plus large de la Réalité, qui change toujours la vie et ouvre les yeux.
Ce qui m'est arrivé a été une occasion dramatique de reconsidérer ma vie. Pour découvrir à quel point la douleur, la fragilité, la mort en faisaient partie, bien sûr. Mais aussi pour découvrir à quel point chaque moment était précieux et important, et entre autres pour valoriser énormément les moments que je passais avec ceux que j’aime, et également pour apprendre à bien me traiter moi-même. Il y a bien plus à dire et à apprendre, et le chantier est toujours ouvert, et le sera encore longtemps, j'espère. Mais pour le moment, je vais résolument aller dans le sens de cette force de transformation et apprendre tout ce qu’elle peut m’enseigner.
Au lieu de la dépression ou du désespoir, je sens une curiosité se développer et grandir en moi, ainsi qu'un fort désir de vivre aussi pleinement que possible cette nouvelle étape.
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